vendredi 14 février 2014

Dans l'objectif d'Henri Cartier-Bresson // Rétrospective au Centre Pompidou

Il nous a quitté il y a dix ans et pour la première fois en France une exposition chronologique et non géographique au Centre Pompidou permet de mettre en lumière et d'analyser la richesse du travail d'Henri Cartier-Bresson.




Le dessin, la peinture, la photographie, le cinéma... Quelles sont les grandes étapes de sa vie ?
En 1930, alors âgé de 22 ans, deux ans d'apprentissage rigoureux de la peinture effectué et son service militaire terminé, Henri-Cartier Bresson part pour l'Afrique. Sur place, il en profite pour chasser, lire, photographier et effectuer des collages dont un en particulier "Pour l'amour et contre le travail industriel" qui lui permet d'exprimer son opposition à travailler dans l'entreprise familiale et d'affirmer son envie de faire ce qu'il aime : voyager, lire, photographier et réaliser des collages.  

Henri Cartier-Bresson - Pour l'amour et contre le travail industriel - 1931
Henri Cartier-Bresson et les surréalistes
Introduit dans le cercle des surréalistes, Henri Cartier-Bresson côtoie Salvador Dali, André Breton, Max Ernst... Il intègre les clefs du surréalisme, s'imprègne de leur philosophie et croit profondément aux forces du hasard : le hasard objectif, l'instant décisif.
C'est ainsi qu'il erre dans les rues pour en capter d'heureuses coïncidences, des surgissements inconnus et des rencontres fortuites.

Henri Cartier-Bresson - Derrière la gare Saint-Lazare - 1932
Ici il faut porter attention à l'instant décisif où Henri Cartier-Bresson a décidé de de déclencher la photo. Une seconde plus tard, le talon du sauteur aurait atterri dans la flaque d'eau brouillant son propre reflet et ne laissant pas le redoublement de l'image opérer avec l'affiche du pianiste Brailowsky en fond sur le mur, où une danseuse est en extension.

Henri Cartier-Bresson - Livourne - 1933
Là, le "hasard objectif" a voulu que le vent soulève le rideau pile en face de la tête du jeune-homme, le transformant ainsi en véritable jeu de mot visuel propre aux surréalistes : une tête de nœud. 

Henri Cartier-Bresson et le militantisme
Quelques années plus tard, Henri Cartier-Bresson revient au réel, s'allie aux artistes et écrivains révolutionnaires qui partagent nombre des positions politiques des communistes. En 1936, il affirme son activisme devient alors militant. Il intègre la presse communiste Le soir et Regards où il couvre de nombreux évènements de société tels que l'apparition des congés payés, le couronnement de George VI dont il photographiera le peuple (lui étant de dos et tournant donc le dos au souverain).


Henri Cartier-Bresson, le cinéma et la guerre
De 1935 à 1945, Henri Cartier-Bresson va s'intéresser au cinéma qui lui permet de toucher un public plus large. Poursuivant ses activités résistantes, il réalise trois films "révolutionnaires", puis assiste et collabore Jean Renoir et ce jusqu'à la guerre. Puis après 3 années passées en captivité il s'évade et rejoint un groupe de résistants communistes. C'est entre 1944 et 1945 qu'il photographie les ruines d'Oradour-sur-Glane, la libération de Paris et retour des prisonniers d'Allemagne.

Henri Cartier-Bresson - Oradour-Sur-Glane - 1944

Henri Cartier-Bresson et le photo-reportage
En 1947, il fonde l'agence de presse Magnum Photos et s'oriente vers le photo-reportage. Il part en Inde et photographie les funérailles de Gandhi, la fin du Kuomintang en Chine, le quotidien des peuples après la mort de Staline en URSS...
Durant cette période de photo-reportage Henri Cartier-Bresson, alors qu'il déteste, utilisera également la couleur pour la presse dans ses photos.

Henri Cartier-Bresson - Shanghai - 1948
Henri Cartier-Bresson et le changement de la société
En 1950, il traite les sujets qu'il affectionne et porte un œil tout particulier sur la société d'après 1945 dont La représentation du travail dont le lien entre l'homme et sa machine; Les signes du pouvoir; La consommation via le regard et l'envie du consommateur. 

Henri Cartier-Bresson - Accélérateur Linéaire - 1967
Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson et son retour aux sources
En 1970, las du photo-reportage il décide "D'arrêter de faire le trottoir" et cesse de peu à peu de répondre aux commandes de reportages. Il s'intéresse au bouddhisme; ses photos deviennent plus calmes et rappellent l'esprit poétique de ses premières images. Henri Cartier-Bresson revient également au dessin, fait des autoportraits. La boucle est bouclée.


Au travers de 500 photographies, dessins, peintures, films et documents, le Centre Pompidou offre encore une bien belle et complète exposition. Pour ma part, c'est encore un coup de cœur pour le choix de l'artiste, de ses œuvres et de la mise en scène. Bref, je recommande chaudement !

ps : Lors de votre visite, portez une attention particulière à la première et à la dernière photo de l'exposition.

Rétrospective Henri Cartier-Bresson // Centre Pompidou
Jusqu'au 9 juin 2014 
Ouvert tous les jours (sauf mardi) de 11h à 21h)

Nocturne jeudi soir jusque 23h00

2 commentaires:

  1. Chouette retour sur l'expo ! Zut, je crois que je n'ai pas fait gaffe pour la relation entre la première et la dernière photo. Tu peux nous éclairer ? Merci !

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  2. Merci Ally. La première photo est celle d'Henri Cartier Bresson avec un rideau ouvert et la dernière avec un rideau fermé.

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